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  • JEAN GOTTMANN : UNE ICONOGRAPHIE DU MOUVEMENT

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  • Exposition de photos inédites du fonds Jean Gottmann, 18/7/2022 – septembre 2022
    Avec le soutien de la Commission UGI sur l'histoire de la pensée géographique
    Inauguration : Mardi 19/7/ 2022, 17h
    Sorbonne Galerie
    Galerie Soufflot, Université Paris 1 - Centre Panthéon 
    12 Place Du Panthéon, Paris 75005 (plan)


    Au début de l’année 1995, la Bibliothèque nationale de France a accueilli avec enthousiasme la proposition de don des archives du géographe Jean Gottmann (1915-1994) faite par sa veuve, Mme Bernice Adelson Gottmann. Conservées à Oxford et à New York, ces archives ont été transférées en mars de la même année au département des Cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France.

    L’inventaire mené durant plusieurs années par Jean-Yves Sarazin (1967-2016)[1] a permis de dégager de grands ensembles : papiers personnels, correspondance, dossiers de travail, cartes, livres et documents iconographiques. Il fut la pierre angulaire du colloque “L’orbite de la géographie de Jean Gottmann” organisé par la Société de Géographie, la Bibliothèque nationale de France et l’Université Paris IV-Sorbonne en 2005[2].

    En 2019-2021 un partenariat entre la BnF et Pacte – Laboratoire de Sciences Sociales (CNRS et Université Grenoble Alpes) a lancé un projet d’inventaire détaillé, de numérisation et de valorisation de la collection de 4,400 diapositives. Réalisées entre 1953 et 1979, elles constituent l’ensemble de photos de Jean Gottmann le plus important parmi les fonds d’archives existants.

    La description pièce à pièce fut menée par Louise Hantson, chercheuse en anthropologie visuelle à l'EHESS sous la direction d'Olivier Labussière (CNRS-Pacte), Olivier Loiseaux (BNF-CPL) et Luca Muscarà (Università del Molise-Pacte). Anne-Laure Amilhat Szary (Pacte) et Jean-Paul Hubert (Université Gustave Eiffel) ont rejoint l’équipe pour contribuer à l’analyse du corpus.

    Une moitié des photos a été réalisée en Amérique du Nord, un tiers en Europe, et 10-15% en Amérique latine et Asie (les 5 % restant étant constitués de graphiques, cartes et tableaux). Jean Gottmann a réalisé ces photos de terrain pendant ses voyages aux États-Unis, en Europe, en Israël, en Amérique latine et au Japon. La collection comprend également des photos de ses voyages personnels et des portraits de collègues, d’amis et de membres de sa famille.

    Certains voyages de terrain étaient liés à des projets éditoriaux aux Etats-Unis, comme les monographies régionales de la Virginie et de la Megalopolis. D'autres couvrent des régions précédemment étudiées dans ses ouvrages L'Amérique (1949) et A Geography of Europe (1950), ou dans ses premières études sur la Palestine.

    L’analyse croisée des lieux photographiés au cours de ces missions avec les notes de voyage écrites dans ses agendas (également à la BNF-CPL) permet de replacer ces images dans le fil extraordinairement dense de sa vie professionnelle et de ses voyages incessants où s’entremêlaient excursions de terrain, enseignements et conférences universitaires, rencontres et échanges avec des personnalités scientifiques éminentes de son temps.

    Dans l'ensemble, la collection documente les « paysages transatlantiques » au cœur de sa géographie qui fut rythmée par une incessante « transhumance atlantique »[3]. Elle permet aussi, et surtout, de suivre la transition intellectuelle qui le mène de la monographie régionale française à une compréhension originale du territoire : une géographie multiscalaire de nœuds et de réseaux informés dans la durée par la projection culturelle et psychologique des peuples qui habitent une même planète.

    Si la réputation internationale de Jean Gottmann a été longtemps associée à la Mégalopolis et à la géographie urbaine, les paysages américains qu’il photographie dans les années 1950 témoignent de sa formation française en études rurales et révèlent sa compréhension précoce de la « symbiose entre le rural et l'urbain » sur la côte nord-est des États-Unis. A partir des années 1960, ses prises de vue portent de plus en plus sur les mutations des paysages urbains, leurs gratte-ciel et leurs skylines, mais aussi leurs banlieues résidentielles, les campus universitaires suburbains ou les friches industrielles. 

    L’apport de Jean Gottmann a été innovateur et même révolutionnaire à plus d’un titre : non seulement en posant la région géographique comme la charnière d'une organisation complexe de réseaux, mais aussi en étant parmi les premiers à proposer que les réseaux urbains dépassent les limites des cadres nationaux. Dans l’esprit de l’internationalisme scientifique auquel il avait été exposé durant l’entre-deux-guerres et à l’ONU, Jean Gottmann s'interrogeait sur les conditions d'une possible communauté mondiale. La mise en place d’une organisation politique planétaire constituait à ses yeux un défi majeur et devait absolument respecter la variété des différences culturelles du monde. Ce regard sur la diversité des cultures est ce qui donne tant d’intérêt à ses photographies. Cela reste encore aujourd’hui un défi comme en témoigne les circonstances troublantes de l’actualité.

    Beaucoup de paysages saisis au long des routes, de scènes de rue, offrent un aperçu vivant des gens et de lieux qu’ils habitent. Ils soulignent l’intérêt de Jean Gottmann pour la diversité des établissements et des groupes humains est la clé de sa géographie : les paysages ne sont jamais une simple scène matérielle, mais plutôt un « théâtre vivant ». Dans sa perspective, l'étude du dynamisme du territoire renvoie à la psychologie des communautés, avant qu’aux états : les unes prenant une part active au changement, quand d’autres tentent d’y résister. Dans le contexte actuel de l'accélération de l'histoire, sa géographie interroge avec acuité notre relation avec le temps.
     


    [1] Directeur du département des Cartes et Plans de 2010 à 2016 ; en 1995, conservateur chargé du fonds Gottmann.
    [2] Jean-Yves Sarazin, « Le don de jean Gottmann à la Bibliothèque nationale de France : des sources pour éclairer ses travaux et sa personnalité », La Géographie, n° spécial : L’orbite de la géographie de Jean Gottmann, janvier 2007, n° hors série 1523 bis, pp. 17-28.
    [3] Par example, Luca Muscarà, « Transatlantic landscapes : Gottmann and the roots of Lowenthal’s intellectual heritage », Landscape Research, 2022, doi: 10.1080/01426397.2021.2021162 ; Luca Muscarà « The Atlantic transhumance of Jean Gottmann and the development of his spatial theory », Finisterra, 1998, Vol. 33, n. 65, p. 159-172.



     
  • Inscriptions
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    26 Avenue Jean Kuntzmann
    ​38330 Montbonnot-Saint-Martin, France
    Tel : +33 825 595 525 (0,15€/min*)
    Permanence téléphonique du
    lundi au vendredi de 14h00 à 17h00
    Organisateurs

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