Anne LATENDRESSE, Université du Québec à Montréal, département de géographie, Canada
Depuis le début des années 2000, Montréal connaît un processus de métropolisation qui coïncide avec l’imposition d’une réforme municipale sans précédent. Parallèlement, l’heure est aux grands projets urbains, aux aménagements attractifs, et à la création d’une signature et d’une image de marque pour attirer les investisseurs internationaux, les promoteurs et le tourisme international. À Montréal, cet urbanisme néolibéral s’impose. En une période de vingt ans, deux méga centres hospitaliers universitaires sont construits, un Centre de commerce mondial apparaît, de même qu’un Quartier des spectacles, le Vieux-Montréal est réaménagé, et un projet de méga-casino est prévu, sans compter la construction de nombreuses tours de condominiums.
Pensés pour contribuer à la croissance économique de la métropole et accroître sa capacité d’attraction et de concurrence, ces projets, pour la plupart développés en partenariat public-privé, sont remis en cause par une partie des citoyen.ne.s qui craignent la gentrification de leurs quartiers. À titre d’exemple, la Table de quartier Action-Gardien établie dans le quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal, avec d’autres acteurs du quartier invitent les citoyen.nes à prendre part à trois Opérations populaires d’aménagement. Ces démarches participatives citoyennes visent l’appropriation spatiale du quartier par celles et ceux qui l’habitent. Elles servent également de catalyseur pour faire avorter un projet de méga casino porté par le gouvernement du Québec et le Cirque du Soleil, une figure emblématique du Québec Inc.
En nous référant à la notion d’Insurgent Planning élaborée par Miraftab (2005, 2009) et à la pensée de Swingedouw (2009) portant sur la ville postpolitique, nous allons tenter de voir dans quelle mesure et à quelles conditions ces démarches participatives citoyennes peuvent contribuer à l’appropriation spatiale de quartier ou de la ville, tout en créant un contre-pouvoir et le retour du politique.
Mots clés : Insurgent Planning|néolibéralisation de la ville|mobilisations citoyennes|contre-pouvoir|re-politisation
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