Une littérature abondante affirme que les cartes cadastrales sont une simplification de l’espace, notamment à des fins de contrôle territorial, de fiscalité ou encore de marchandisation du foncier (Jones, 2017; Le Roy et al., 2016; Sack, 2009; Scott, 1998). La même norme objective basée sur la reconnaissance des droits de propriété individuelle peut être appliquée à l’ensemble d’un pays, indépendamment de la diversité des contextes locaux. On a beaucoup réfléchi à la simplification de l’espace des droits fonciers et nous savons que les droits fonciers tant coutumiers que « modernes ». sont le fruit de rapports sociaux et économiques construits a cours de l’histoire (Chauveau & Paul, 1998; Lavigne Delville & Durand-Lasserve, 2008). Alors qu’en est-il des temporalités simplifiées des droits fonciers ? Nous explorerons la simplification du temps dans la reconnaissance des droits fonciers, à partir de l’exemple de la Birmanie. Nous allons voir que cette simplification peut s’opérer de différentes manières. Déjà, du temps de la colonisation britannique, la création des « wastelands » a été une première façon de balayer tous les droits et usages préexistants. De nos jours, les normes légales rendent obligatoires la mise en culture permanente, et demeurent aveugles aux pratiques réelles de jachères, de mises en friche et d’usages et d’usagers multiples des terres agricoles dans le temps. La simplification s’est aussi s’opéré par les délais irréalistes imposés par l’administration foncière auprès des populations pour déclarer toute occupation informelle des terres. D’autres modalités de simplification du monde réel du foncier agricole existent aussi. Tous ces éléments de réflexion nous permettront d’esquisser ensemble de potentiels nouveaux angles d’analyse du foncier, combinant des approches issues de l’agriculture comparée, de la géographie et de l’anthropologie.
Mots clés : foncier|temps|Birmanie
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