Le 28 avril 2021 a débuté en Colombie un mouvement de contestation sociale qui a embrasé le pays jusqu’à la fin août et agite sporadiquement le pays depuis lors. Devant l’ampleur de la mobilisation, le gouvernement d’Ivan Duque est contraint le 14 septembre d’abandonner son projet de réforme fiscale, qui prévoyait une hausse de l’impôt sur le revenu et des taxes sur la consommation, afin de répondre à la perte de PIB causée par les retombées économiques de l’épidémie de COVID-19.
Cette mobilisation opère une rupture avec les mouvements sociaux colombiens des dernières années en relocalisant la violence politique dans les zones urbaines, épargnées par le conflit armé de ces dernières décennies, et conduit ainsi à une nouvelle politisation de certaines populations urbaines, notamment une partie de la minorité évangélique qui représentait en 2019 19,5 % de la population colombienne. Si cette minorité est politisée depuis les années 1990, elle était jusque là majoritairement hostile aux mouvements sociaux, associés au marxisme et à l’athéisme. Non seulement de nombreux fidèles évangéliques ont rejoint les cortèges, mais ils l’ont fait en revendiquant leur appartenance religieuse, notamment au sein du collectif Primera linea Ecumenica. Ces prises de positions ont conduits les principaux partis politiques évangéliques que sont le MIRA et Colombia Justa Libres - jusque là membre de la majorité d’Ivan Duque - à prendre position contre la réforme fiscale, et, désormais, à se positionner comme force concurrente du Centre Démocratique aux élections législatives et présidentielles à venir. Je me rends à la fin du mois en Colombie pour cinq mois de terrain afin d’observer la mobilisation politique évangéliques pendant les campagnes électorales de 2022, et je me propose de faire le compte-rendu de l’importance de l’expérience du mouvement social de 2021 dans le positionnement politique de mes enquêtés des Asambleas de Dios de Colombia.
Mots clés : Colombie|Mouvement social 2021|politisation|Asambleas de Dios
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