Lucas TEILLER, Université de Paris - UMR 8504, France
Mayotte, département français situé dans l’Océan Indien, attire un nombre considérable de migrant·es, majoritairement originaires des îles voisines de la République des Comores. Les données les plus récentes indiquent que 48% de la population de l’île est de nationalité étrangère. Une part importante de ces migrant·es sont placé·es dans des situations de précarité extrêmement marquées et se trouve notamment exclue du marché formel du logement.
Le processus d’urbanisation à Mayotte est donc marqué par le développement d’espaces d’habitats précaires occupés sans droit ni titre par des personnes précaires en situation de migration. Plusieurs acteurs de l’aménagement rencontrés sur l’île se réfèrent à ce processus par le syntagme « d’urbanisme de fait », et considèrent ces espaces comme des parties intégrantes de la ville mahoraise. Or, ces espaces sont, de manière croissante, abordés et pris en charge par les acteurs publics comme des formes d’occupation illégale de l’espace urbain et du territoire français. C’est ce changement de perspective sur les quartiers précaires que je souhaite analyser ici.
Je chercherai notamment à démontrer qu’elle se manifeste par une évolution de l’instrumentation des politiques publiques en matière de régulation de ces espaces et de leurs habitant·es. J’insisterai en particulier sur le développement récent et concomitant de trois instruments d’action publique : la destruction et l’évacuation de quartiers dits informels fondée sur l’article 197 de la loi ELAN ; la production de places d’hébergement d’urgence et d’insertion dédiées à l’accueil des personnes délogées ; et l’élaboration ad hoc de projets de logement temporaire articulant des innovations architecturales et des montages administratifs et financiers expérimentaux. Ce faisant, je chercherai mettre en lumière la manière dont les politiques urbaines et migratoires à Mayotte contribuent à produire des formes nouvelles de précarité spatiales et temporelles.
Mots clés : Mayotte|Migrations|Occupation temporaire|Précarité|Instruments d'action publique
A105551LT