Xavier AMELOT, Université Bordeaux Montaigne, France
Sophie MOREAU, Université Gustave Eiffel, France
Cette communication discute de la cartographie comme outil de justice ou d’injustice spatiale. Nous comprenons la carte comme une représentation de l’espace qui objectivise une vision du monde, et un outil majeur de contrôle et d’aménagement du territoire. C’est un discours sur l’espace, dont les choix sémiotiques sont portés par les objectifs des acteurs qui les produisent. La carte peut être un facteur d’injustice ou de justice spatiale, que l’on s’intéresse à la dimension processuelle de la justice (et aux rapports de pouvoir à l’œuvre dans la production, la diffusion et l’usage des cartes) ; ou à la justice distributive (la carte guidant la répartition des ressources, équipements).
Nous montrerons à partir d’une analyse de la cartographie de l’environnement conduite depuis les années 1980, ces injustices spatiales à Madagascar. Les outils numériques semblent combler le manque de données cartographiables et faciliter la production et la diffusion des cartes. Mais ils peuvent renforcer le risque d’exclusion de certains espaces, certains groupes sociaux, ou contribuer à leur accorder davantage de pouvoir, de reconnaissance et un meilleur accès aux biens sociaux.
A Madagascar la production cartographique, dominée par des acteurs non publics, est fragmentaire, inégale selon les thématiques, les régions et les échelles. Elle est souvent une source d’information peu fiable, pour cause de données obsolètes et partielles, ou de méthodologies hétérogènes. Néanmoins, la carte continue à définir et à mettre en œuvre des politiques publiques, avec des effets d’exclusion sur les populations : évictions des ressources, multiples conflits fonciers.
La cartographie peut-elle devenir un outil de justice spatiale ? Nous terminerons par la présentation d’un projet de recherche-action visant à créer un Atlas numérique en ligne.
Mots clés : cartographie |Madagascar |Injustice spatiale
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