Dans le cadre d’un travail de thèse de géographie portant sur les tactiques de survie des femmes identifiées comme Roms dans l’espace public, j’ai mené des observations ethnographiques dans des bidonvilles, dans l’espace public et dans des hôtels sociaux de la banlieue parisienne. Mes enquêtées sont des femmes ou des adolescentes roumaines qui ont peu été scolarisées, parlent peu français, sont racisées, vivent dans des marges urbaines et survivent grâce aux revenus dégagés d’activités informelles ou illégales. Dès lors, mener une enque?te auprès d’elles pose des questions de positionnalité. Cette communication propose d’explorer les enjeux de réciprocité entre femmes dans la relation d’enquête.
Je propose d’identifier les différences qui nous sépare mais aussi de saisir ce qui nous unit en observant comment les normes de genre nous affectent. Il s’agit de dépasser le constat de l’inégalité de nos positions sociales respectives en explorant le différentiel des normes investies respectivement.
Comment la relation d’enquête visibilise et reconfigure les normes de genre qui affectent les enquêtées et l’enquêtrice ?
Tout d’abord, j’expliquerai comment le principe de la méthodologie féministe visant à associer théorie et méthode m’a guidé dans la construction de mon enquête et comment je l’ai opérationnalisé. Cela dit, le coeur de la communication porte plus précisément sur la façon dont les normes de genre nous ont mis en relation. J’aborderai une norme que nous partagions et qui a été un vecteur de complicité : la cis-hétérosexualité. Ensuite, je continuerai en expliquant comment les normes corporelles (vêtements et épilation) ont souligné nos rapports différenciés à la respectabilité. Enfin, j’évoquerai comment la vision de la maternité de mes enquêtées a troublé mon propre désir d’enfant.
Chacun de ces trois points seront accompagnées d’extraits de carnet de terrain et de dialogues retranscrits.
Mots clés : méthodologie féministe|normes de genre|féminités|réciprocité|respectabilités
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