Marine LEGRAND, LEESU / Ecole des Ponts Paristech, France
Aurélie JOVENIAUX, LEESU / Ecole des Ponts Paristech, France
Bernard DE GOUVELLO, CSTB / LEESU, France
Florent BRUN, Réseau de l'Assainissement Ecologique, France
Fabien ESCULIER, LEESU / Ecole des Ponts Paristech, France
Cet article, issu d’une recherche interdisciplinaire en sciences sociales, s’intéresse à l’émergence de filières de production de fertilisants issus des excrétats humains au prisme de la question de l’agriculture urbaine et péri-urbaine. Le développement actuel de la séparation à la source des flux composants les eaux usées domestiques au niveau international va de pair avec un regain de considération pour les ressources fertilisantes contenues dans les urines et matières fécales. En France, d’abord cantonné en milieu rural, à une échelle plutôt domestique, ce phénomène se déploie à présent jusqu’au cœur de villes denses, où des embryons de filières expérimentales se dessinent.
Tandis qu’au 19è siècle, l'utilisation d'engrais humains formait une composante à part entière des pratiques agricoles urbaines et péri-urbaines, qu’en est-il aujourd’hui ? Après le déclin de leur usage au 20è siècle, quelles places les engrais humains trouvent-ils dans les discours et pratiques des acteurs qui s'engagent dans l’apparente renaissance de l’agriculture urbaine (habitants, professionnels, acteurs institutionnels) ? Leur utilisation forme-t-elle un moteur pour le retour des cultures en ville et leur maintien à ses abords ?
Notre réflexion, menée au sein du programme OCAPI, s’appuie sur plusieurs enquêtes qualitatives menées principalement en Ile-de-France, auprès de différents acteurs : agriculteurs péri-urbains et professionnels de l’agriculture urbaine, acteurs institutionnels qui s’impliquent dans l’organisation de filières pilotes, habitants jardiniers.
Nous montrerons que si l'idée d'un approvisionnement d'engrais en circuit court à partir des excrétats urbains séduit un public croissant, la mise en pratique, plus complexe, se heurte à des obstacles techniques, logistiques, réglementaires, ainsi qu'en termes d'appréciation des risques environnementaux. Et ce, d'autant plus que la pratique est envisagée à grande échelle, dans le cadre d'une activité professionnelle.
Mots clés : excrétats humains|urine|fertilisation|séparation à la source|Ile-de-France
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