Le lavandin à Oulmès (Plateau central marocain). La trajectoire perturbée d’une spécificité en construction
Le lavandin, une culture introduite dans la région d’Oulmès par des étrangers, a mis longtemps avant d’être adoptée par les exploitants locaux et connaitre une extension sur plus d’un millier d’hectares. Récemment, son classement par les pouvoirs publics comme produit de terroir et l’identification des huiles qui en sont issues par un label AOP « Huile essentielle du lavandin d’Oulmès », explique l’intérêt que lui portent de nouveaux acteurs, pépiniéristes, collecteurs, ainsi que des opérateurs des plantes à parfums étrangers. Les uns et les autres se positionnent à différents niveaux de la filière, et cherchent chacun à tirer un avantage des produits d’une culture classée prioritaire dans le développement agricole de la région, et sur laquelle il y a une demande pressante des consommateurs. Notre communication questionne le bien fondé d’un projet topdown qui tente d’ériger une culture révélée de l’extérieur au rang d’un produit spécifique, créant ainsi une image simplifiée d’un territoire à la réalité complexe et doté d’autres éléments identitaires avec plus d’épaisseur historique. Y-a-t-il derrière l’extension de la culture du lavandin et l’engouement qu’elle suscite, une tendance à en faire une marque du territoire qui la porte ? Derrière son développement pouvons- nous déceler un processus de spécification en cours fondé sur des intentionnalités des acteurs ? Pour répondre à ces questions, nous interrogeons le modèle de développement agricole dont elle est la culture emblématique, et la réalité de l’ancrage de la culture et des acteurs qui la pratiquent. Dans un contexte où l’organisation sociale communautaire est encore forte, les structures coopératives et les partenariats qui se basent sur le contrat entre les personnes viennent perturber le système traditionnel. Différents conflits surgissent entre des lavandiculteurs des éleveurs, des apiculteurs. Des conflits familiaux, de voisinage ou organisationnels qui entravent l’action collective.
Mots clés : Territoire|spécificité locale|projet top down|ancrage|conflits
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