Les violences conjugales dans les couples hétérosexuels sont liées à des normes et à une socialisation différenciée selon le genre. Leur cause est donc principalement structurelle. Or, ce problème a rarement été traité sous l’angle spatial, contrairement aux violences plus spécifiques aux espaces publics (Lieber, 2008). Eva Saint Martin (2019) a pourtant mis en évidence que ces violences restreignent fortement les pratiques spatiales des victimes, à la fois dans les espaces publics et privés.
Partant de ce constat, mon travail de recherche s’applique à produire une analyse géographique du traitement institutionnel et non-institutionnel des violences conjugales par la société et ses incidences sur la frontière privé-public. Pour cela, j’étudierai quelles sont les différentes définitions de la séparation entre espace privé et espace public qui sous-tendent et justifient les interventions menées par les différent.e.s acteur.ices impliquées dans le traitement de ces violences. Ceci intègre les actions des institutions juridiques et politiques, des médias ainsi que le travail des associations et des collectifs féministes. L’objectif est également d’adopter une perspective historique afin d’analyser les évolutions qu’a connues le traitement de cette problématique dans le contexte français, depuis son institutionnalisation et la mise en place des premières politiques publiques dans les années 1990 et 2000 (Delage, Lieber et Chetcuti-Osorovitz, 2019).
Ces questionnements s’inscrivent dans la lignée des études féministes ayant interrogé la structuration de la dichotomie privé-public par les rapports de pouvoir entre les catégories homme et femme (Bereni et Revillard, 2008) ainsi que la manière dont la prépondérance de l’hétérosexualité dans la vie intime permet la persistance de certaines inégalités, notamment celles liées aux violences conjugales (Mayer, 2020).
Mots clés : violences conjugales|violences de genre|espace privé|espace public|hétérosexualité
A105031ZR