Marine FRANTZ, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France
Dans un contexte de déclin structurel de l’agriculture familiale, l’Inde connaît une transformation profonde du foncier dans ses espaces périurbains et ruraux (Chakravorty, 2013 et Vijayabaskar, 2010). A côté des enjeux d’accaparement du foncier agricole pour des infrastructures, des grands projets immobiliers ou industriels en périphérie des métropoles indiennes (Vijayabaskar et Menon, 2018), la subdivision du foncier agricole en petits lots destinés à la construction résidentielle populaire n’a de cesse de s’étendre, bien au-delà des fronts d’urbanisation (Denis, 2017).
L’objectif de cette recherche est de proposer une analyse fine des processus de conversion, à l’échelle de la parcelle. Ce processus abouti à un phénomène de mise en friche prolongée et de constructions éparses qui transforment les paysages ruraux. L’endettement croissant des ménages ruraux (Guérin et al., 2021), les baisses des revenus agricoles - liés tant au changement climatique qu’aux restructurations du marché du travail, poussent les propriétaires agricoles à commercialiser leur foncier en s’appuyant sur des circuits de conversion des usages où se rencontrent acteurs privés et publics. Le faisceau de dynamiques complexes qui provoquent ces mutations foncières appellent à la mobilisation de plusieurs outils pour saisir leur ampleur et leur rythme : l’exploitation d’images satellites, l’analyse paysagère, la consultation des archives administratives des villages et des entretiens qualitatifs permettent de retracer l’histoire du sol.
Cette communication vise à documenter les mutations profondes du rapport au foncier agricole en Inde du Sud en cherchant à mettre en avant l’imbrication des dynamiques et des temporalités du sol, parfois contradictoires. Le foncier agricole est alors un objet sur lequel s’expriment ces transformations mais son étude permet également d’en mesurer l’ampleur et les impacts.
Mots clés : foncier agricole|conversion|marchandisation|Inde|Tamil Nadu
A104950MF