À Osogbo, ville d’environ 800 000 habitants, la forêt d’Osun-Osogbo fait figure de modèle de patrimoine matériel et immatériel, culturel et naturel. Les pratiques citadines et les processus institutionnels de patrimonialisation de la forêt sont au coeur d’enjeux sociaux, économiques, politiques et territoriaux relevant de différents acteurs et échelles notamment depuis son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2005 en tant que paysage culturel (Cousin et Martineau, 2009).
La valeur culturelle de la forêt résulte de pratiques rituelles quasi-quotidiennes. Un festival annuel réactualise tous les ans les liens entre les citadins et la déesse bienveillante Osun, une des principales orisa, entités du panthéon yoruba. Le mouvement artistique et les sculptures monumentales du New Sacred Art initiés par l’artiste autrichienne Susan Wenger dans les années 1960 participent également à renforcer les liens entre les Yoruba et leur panthéon (Icomos, 2005). Ces caractéristiques président aux objectifs de marketing territorial et de construction identitaire encouragés par les institutions locales et internationales de préservation du site pour attirer les visiteurs yoruba et étrangers.
La présentation vise à analyser les implications du foisonnement récent d’acteurs et d’échelles lié à la labellisation de patrimoine mondial. L’inscription de la forêt dans des logiques de visibilité internationale a participé au développement du festival. Or, l’afflux de touristes encouragé par les autorités locales préoccupe les institutions internationales qui s’inquiètent des risques pour l’intégrité de la forêt primaire (Cousin et Martineau, 2009). Il s’agira aussi de faire état des mémoires, savoirs et pratiques citadines moins visibles (rituels, pharmacologiques, mobilités et sociabilités quotidiennes) qui participent à la construction d’identités collectives non reconnues par les démarches institutionnelles (Muzaini et Minca, 2018 ; Coralli et Houénoudé, 2013).
Mots clés : Patrimonialisations|Patrimoine mondial|Pratiques, Savoirs et Mémoires citadines|Construction identitaire|Tourisme
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