Jennifer BROUCK, Université Paris 1 - Géographie-Cités, France
Le temps et l’espace se sont longtemps regardés l’un et l’autre en tant qu’étendue lisse et homogène. Le temps du géographe était ainsi durée, cycle et répétition ; et la dimension temporelle, lorsqu’elle était prise en compte dans la production spatiale, était convoquée davantage comme agent secondaire et cristallisant que comme agent central et créateur. Nos quotidiens contemporains ont cependant engagé depuis les années 90 de profondes transformations. Les mobilités, notamment, se parent de nouvelles caractéristiques - l’aléatoire, le pluriel, et le réversible - qui obligent le géographe à analyser des mondes en constante mutation aux structures labiles et éphémères. L’(étrange) dissociation géographique du temps et de l’espace ne permettant pas de saisir l’épaisseur de la réalité contemporaine mobile, une discussion a été engagée.
Il s’agit dans cette proposition d’analyser ce tournant temporel géographique initié dans le champ des mobilités. Le «tout mobile» confère au rythme et au vécu les rôles structurants principaux. Afin de saisir les étapes, les contours et les enjeux de ces nouvelles considérations temporelles, l’étude s’appuiera sur les recherches francophones et anglophones réalisées en géographie sur les mobilités à partir des années 70 –période où les sociétés mobiles deviennent objet d’étude géographique– jusqu’à nos jours. Si, dans un premier temps (1970-90), la dimension temporelle -notamment mythologique ou imaginaire- vient épaissir les territoires des géographes, c’est au sein des territorialités mobiles contemporaines (1990-2020) que se lit une véritable articulation du temps et de la spatialité. En admettant un territoire complexe et fragmenté, ces études racontent les nouvelles spatialités humaines à travers la rencontre, le seuil et l’entre-deux. Cette présentation propose d’interroger le passage d’une logique du trans à une logique de l’inter, où la production spatiale s’observe dans la négociation de temporalités plurielles et hétérogènes.
Mots clés : Territorialité mobile|Négociation |Temporalité|Complexité |Entre-deux
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