La transition forestière désigne un processus par lequel, sur un territoire donné, une période de boisement succède à une période de déboisement (Mather 1992, Grainger 1995). A ce concept s'associe celui de forêt ancienne, définie comme une forêt dont l'état boisé est attesté depuis une date ou une période donnée, que l'on fixe généralement au point le plus bas des surfaces forestières sur le territoire en question. Les forêts anciennes sont donc celles qui ne sont pas issues des afforestations récentes ; elles se caractérisent notamment par une certaine biodiversité liée à leur caractère relativement stable durant les derniers siècles.
En France, la transition forestière est un phénomène historique qui nous renvoie au-delà de l'épaisseur temporelle la plus couramment prise en compte par les géographes. En effet, le minimum des surfaces forestières, point de repère temporel pour la transition en question, est supposé être vers 1830-1850, avec de fortes disparités selon les régions. L'inversion de la courbe des surfaces boisées relèverait donc à première vue de la recherche historique. Néanmoins, la discipline géographie paraît bien mobilisable sur ces questions : en raison des enjeux environnementaux et territoriaux qui justifient la recherche sur les forêts anciennes, en raison des sources cartographiques utilisées, et aussi parce qu'elle trouve là l'occasion de pratiquer les convergences entre sciences humaines et sciences de la nature dont elle s'est toujours prévalue.
De fait, les géographes français ont frontalement abordé la question de façon précoce (George 1933, Arnould 1996). Cette communication évoquera la naissance du concept, et la teneur des travaux engagés dans la recherche française. Le concept centré initialement sur des questions de surfaces, dérive vers un schéma plus large qui pose à la géohistoire de nouvelles questions sur l’état des stocks de bois, le stockage du carbone, et les qualités de l’écosystème forestier.
Mots clés : géohistoire|forêt|transition forestière
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