Violaine JOLIVET, Université de Montréal, Canada
Les migrations des personnes quittant Cuba à partir de la révolution se sont pendant longtemps résumées à un « one way ticket » (Jolivet, 2015) faisant des premiers Cubains à quitter l’île des exilés sans possibilité de retour. A partir des années 1990 et avec la chute de l’URSS, le tourisme et les transferts d’argent de la diaspora deviennent les piliers de l’économie quotidienne pour de nombreuses familles dans l’île. Avec l’arrivée de R. Castro au pouvoir et les ajustements promulgués à partir de 2011, qui assouplissent les restrictions appliquées au secteur privé et permettent la réintroduction du marché immobilier, cette tendance s’accentue creusant davantage les écarts entre les Cubains ayant de la famille à l’étranger et/ou accès aux rentes du tourisme et les autres. Cette contribution cherche à analyser comment les nouvelles mobilités (Jolivet, 2017) et l’avènement de stratégies d’investissement au sein des familles transnationales, notamment dans les secteurs du tourisme et de l’immobilier, transforment le rapport au logement dans la capitale socialiste. Ainsi, après avoir posé le contexte de la transnationalisation par le bas de la société et l'économie cubaines et des reconnexions de l’île avec l’économie-monde, nous nous intéresserons au rôle des familles transnationales dans l’acquisition et la transformation de logement en commerces ou locations à destination des touristes (Wijburg et al., 2020). Il s’agira de montrer comment des formes de gentrification transnationale et touristique émergent et favorisent l’émergence de nouveaux rapports sociaux inégaux. A travers l’exemple de Airbnb nous verrons comment le logement, droit fondamental de la révolution cubaine, est transformé en marchandise mondialisé, et comment via des circulations de biens et de savoir-faire importés de l’étranger, il s’opère une standardisation des logements et des expériences de la location.
Mots clés : Mobilités transnationales |Cuba|Gentrification|Airbnb|Immobilier
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