Damien CALAIS, Université de Paris / Institut polytechnique UniLaSalle Beauvais, France
Depuis la fondation des Émirats arabes unis il y a 50 ans, deux stratégies agricoles se sont succédé dans ce pays très dépendant des importations agricoles et alimentaires, chacune visant à redéfinir les relations des centres urbains avec leurs périphéries désertiques. La première stratégie – le développement de périmètres irrigués par l’État – a été l’une des façons de redistribuer la rente pétrolière pour créer un attachement à la nation. Dispersées pour couvrir autant que possible le territoire du nouveau pays et en affirmer la maîtrise, dépendantes de ressources en eaux souterraines non renouvelables, les petites exploitations familiales de ces périmètres irrigués ont rarement été en mesure de commercialiser leurs productions, à l’exception des cultures fourragères pour l’alimentation des élevages. Depuis 2010 environ, une nouvelle stratégie est portée par des acteurs privés, de la petite entreprise à la firme transnationale : des filières se constituent afin de transformer les métropoles du pays en marchés pour des fruits et légumes produits sur le territoire émirati par une agriculture de pointe, moins dispendieuse en eau, moins dépendante des subventions gouvernementales, plus intégrée aux réseaux de l'économie capitaliste mondialisée. Développée dans les périphéries les plus proches des centres urbains et jouant la carte de la labellisation en produits « locaux », elle est encouragée par les autorités politiques, qui veulent tout à la fois améliorer l’autosuffisance alimentaire du pays et réallouer les ressources en eau au profit des secteurs économiques les plus rentables. Ces filières horticoles participent à la diversification de l’économie émiratie, de même que l’industrie de transformation de la datte, qui contribue au rayonnement des Émirats arabes unis en vendant ses produits aux touristes internationaux et en les exportant.
Mots clés : agriculture de pointe|développement du désert|Émirats arabes unis|filière agroalimentaire|intégration des périphéries
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