Apoli Bertrand KAMENI, IEP Lyon, France
Apoli Bertrand KAMENI, CRECAPPI-Université Omar Bongo, Gabon
La mine de fer de Simandou en Guinée Conakry défraie la chronique depuis 2008, en étroite résonnance avec la révolution sidérurgique chinoise des années 2000. Classée parmi les rares gisements de fer encore inexploités de la planète, elle recèle de considérables ressources du matériau de base de l’acier : environ deux milliards de tonnes de haute teneur. Situé au sud-est du pays et à plus d’un demi-millier de kilomètres du port de Conakry, son exploitation nécessite des investissements exponentiels, principalement destinés aux infrastructures d’évacuation du minerai vers les marchés mondiaux. Gisement de classe mondiale, Simandou contraint la Guinée à solliciter des partenaires internationaux. Dans cette configuration mais surtout en raison de la pression des besoins internationaux dans un contexte de relative rareté, cette montagne minérale met en scène nombre de grandes puissances à travers leurs multinationales dont les majors du secteur du fer et de l’acier : Rio Tinto, Vale, BHP Billiton, Chinalco et Arcelor Mittal.
Plus fondamentalement encore, plus d’une décennie après sa formation, la question de l’ouverture de Simandou s’est transformée en une véritable affaire d’Etat à Conakry. Aux luttes politiques pour son contrôle, se sont superposées des batailles judiciaires sur les cinq continents : en Guinée, aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Suisse, en France, en Israël et même en Australie
Aussi, cette proposition vise-t-elle d’abord à ouvrir le débat sur l’« affaire Simandou », au retentissement mondial inhabituel mais paradoxalement ignorée. Plus spécifiquement, elle ambitionne de rendre compte des logiques conflictogènes qui concourent, malgré des avancées, à maintenir de Simandou au stade de projet près de vingt ans après la convention minière entre Rio Tinto et la Guinée. L’hypothèse qu’elle tentera de vérifier est que Simandou est prise dans un triangle de représentations contradictoires et conflictogènes, entre l’Etat guinéen, les multinationales et la Chine
Mots clés : Guinée-Conakry|Simandou|Fer|Chine|Multinationales
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