Au printemps 1976, il y a 40 ans, paraissait le premier numéro d’Hérodote, une revue singulière dans le panorama des publications de géographie et de sciences humaines, fondée par Yves Lacoste, assisté de cinq jeunes secrétaires de rédaction parmi lesquels Béatrice Giblin qui en assure depuis 2006 la direction [Lacoste, 2010, pp. 125-145]. Plus tard, la filière d’enseignement mise sur pied à Paris 8 dans cette mouvance nouvelle a abouti à la création par Béatrice Giblin en 2002 de l’Institut français de Géopolitique qui est l’un des cursus d’excellence de cette université. Les recherches en cours et les thèses qui s’y préparent nourrissent la revue d’aperçus toujours très neufs, car de première main.
Hérodote, lue largement en dehors des frontières de la discipline et même par des lecteurs non universitaires cultivés, a refondé la géopolitique qui était devenue tabou au sein des sciences humaines après la Deuxième Guerre mondiale. Yves Lacoste, et son équipe ont, avec pragmatisme, fondé leurs analyses sur l’observation sans a priori de la réalité de terrain. Pour eux, la géographie est une discipline qui ne peut se contenter d’élaborer des lois qui seraient applicables en tous lieux et en tout temps. C’est pourquoi Hérodote se situe depuis l’origine hors du champ, voire aux antipodes des revues académiques, mais dont la rigueur scientifique des articles et la clarté de leur rédaction sont reconnues de tous ses lecteurs, universitaires compris.
La marque de fabrique de la revue est une fougue toujours perceptible aujourd’hui, particulièrement sous la plume de ses fondateurs. C’est en cela qu’Hérodote constitue un espace de liberté.
Mots clés : Géographie|Géopolitique|pragmatisme|terrain
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