Roland POURTIER, Equateur, France
Hérodote, ce fut une déflagration. La géographie ouvrait de nouveaux horizons, cassait les codes en posant d’une nouvelle manière les questions essentielles des relations entre les sociétés et leur territoire par le truchement d’acteurs exerçant leur pouvoir sur l’espace. Rupture avec la tradition vidalienne (position révisée par Yves Lacoste avec l’exhumation de la France de l’Est de Vidal Lablache). Rupture avec un marxisme universitaire intellectuellement essoufflé. Tout regard nouveau sur le réel conduit à des jugements excessifs. Hérodote n’y échappa pas, coupant allègrement des têtes, symboles de représentations du monde hâtivement condamnées. L’excitation juvénile retombée, le mauvais procès intenté à Pierre Gourou révisé, la revue a trouvé ses marques, un style respectant la liberté de pensée jusqu’à l’impertinence.
Entre géographie politique et géopolitique, Hérodote a longtemps balancé, sans que jamais les querelles byzantines ne fassent oublier le préfixe « géo », à la différence des géopoliticiens autoproclamés qui ont investi la sphère médiatique en ramenant la géopolitique au mieux à une analyse des relations internationales, au pire à un gloubiboulga pour café du commerce.
La lecture géopolitique nécessite une culture trandisciplinaire seule à même d’appréhender des systèmes complexes articulant dimensions environnementales, sociales et jeux de pouvoir dans leurs différentes échelles spatiales et temporelles. Cette approche est une exigence constante de la revue. La référence au grand historien grec, déchiffreur du monde, rappelle le primat d’une curiosité privilégiant le terrain qui désarçonne, à un jus de crâne lénifiant. En ces temps menacés par l’irrationnel il est vital de rechercher le vrai pour contrer les faux prophètes. La revue a vocation à participer à cette œuvre de salut public, au nom de la raison.
Mots clés : géopolitique, pouvoir, système complexe, échelle, pluridisciplinarité
A104424RP