Savoirs sur la nature & natures du sauvage : Quelles implications des visions du sauvage dans les géographies plus qu’humaines pour les dispositifs de conservation ?
Maud CHALMANDRIER, Institut de géographie et durabilité, Université de Lausanne, Switzerland
Alban LANDRÉ, Conservatoire du littoral et LESSEM, INRAE, France
Depuis les années 1990, les nombreuses critiques de l’approche patrimoniale de conservation, basée sur une vision de la nature a-historique et préservée des perturbations anthropiques, se sont accompagnées d’efforts théoriques visant à dépasser une série de catégories de pensée dualistes façonnant les rapports collectifs à la nature dans les traditions environnementalistes occidentales. Dans le cadre du « tournant hybride » engagé notamment dans la géographie humaine anglophone (Driessen, 2017), des chantiers ont été entrepris pour repenser et réinvestir la notion de « sauvage » – c’est-à-dire l’altérité, la puissance d’agir et la récalcitrance des vivants non humains – dans les savoirs et les pratiques de conservation de la nature. Ces réflexions sur le sauvage se caractérisent par une volonté de se placer au plus près des processus écologiques et dynamiques du vivant, tout en adoptant une approche critique et réflexive des savoirs environnementaux, à la manière de la political ecology et des more-than-human geographies.
A partir d’un travail bibliographique approfondi, nous proposons d’explorer comment les approches plus qu’humaines articulent savoirs sur la nature et visions du sauvage dans la conservation en nous intéressant à trois dimensions : spatiale, temporelle, et technoscientifique. Notre démonstration sera illustrée par la mise en débat des travaux de J. Lorimer avec V. Maris comme contrepoint, qui permet d’éclairer comment leurs approches replacées dans leurs univers intellectuels respectifs contribuent aux débats sur l’Anthropocène (Lorimer, 2015 ; Maris, 2018). Nous souhaitons ainsi analyser les discussions épistémologiques et politiques générées par l’affirmation de l’hybridité et son articulation avec la question du sauvage dans le cadre des évolutions récentes de la géographie humaine de la nature appliquée à la reconfiguration des dispositifs contemporains de connaissance et de gestion de la nature (Mansfield and Doyle, 2017 ; Granjou, 2016).
Mots clés : Hybridité |Sauvage |More-than-human geographies|Politiques des savoirs |Conservation de la nature
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