Alexandre GRONDEAU, Université Paris Nanterre, France
Maxime SCHIRRER, Université Paris Nanterre, France
En quelques décennies, le concept de “ métropolisation” a occupé le premier rang du champ de la géographie urbaine, supplantant les approches monographiques et même les tentatives modélisatrices des réseaux urbains hiérarchisés. Le succès de la métropolisation tient à la simutanéité historique de plusieurs processus majeurs du temps et de l’espace: la mondialisation de l’économie matérielle et immatérielle, l’accélération des échanges physiques et informationnels, la concentration territoriale de ces transformations dans quelques hubs de la planète.
Dans cette perception de l’innovation, les Etats-Unis occupent logiquement, eu égard à leur puissance, une place pionnière dans la littérature, avec trois titres incontournables: la Megalopolis de Jean Gottmann (1961), la Global City de Saskia Sassen (1991), The Rise of the Creative Class de Richard Florida (2002). Ce qui frappe le plus sur cette période finalement n’est pas l’évolution des réalités perçues, mais la spécificité des approches. Saskia Sassen adopte une posture résolument technologique. A l’inverse, Richard Florida privilégie l’explication sociologique. L’intérêt de la pensée de Jean Gottmann est d’articuler de façon très prémonitoire, ces cadres de pensée: une organisation territoriale (les régions urbanisées), un mode de production non industrielle des richesses (l’économie de services), et les attitudes culturelles des sociétés urbaines; la bourgeoisie entrepreneuriale de la Nouvelle Angleterre n’a pas la mentalité des planteurs sudistes de Virginie. Dans l’histoire des idées, tantôt le changement des réalités précède leur mise en forme théorique, tantôt elle paraît le préfigurer. C’est le cas de la Megalopolis.
Mots clés : Jean Gottmann|Mégalopolis|géographie urbaine|organisation territoriale|mondialisation
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