La sociologie du travail a une longue tradition d'étude des abattoirs. Les animaux y brillent néanmoins par leur absence (parmi les plus récentes publications - Pachirat, 2014) en tant qu'acteurs à part entière, étant considérés la majorité du temps, comme des objets de travail un peu particuliers (Viallès, 1987). Malgré cela, une demande persiste, tant du côté de la société civile par le biais des associations de défense des droits des animaux que du côté du milieu académique par le biais des human-animal studies (Shapiro, 2002). Ma communication portera sur le nécessaire développement d'un cadre théorique de la sociologie des interactions pour appréhender les animaux comme des acteurs. Je m'appuyerai sur du matériel empirique collecté dans le cadre de mon enquête de terrain dans divers abattoirs en Belgique, au sein desquels j'ai effectué de l'observation semi-participante. Je m'appuyerai sur la notion d'insitution totale pour appréhender l'abattoir comme un espace où les marges de manoeuvre sont particulièrement réduites pour les animaux que j'assimile aux reclus des asiles (Goffman, 1968). Je montrerai également que les animaux, une fois leur marge de manoeuvre élargie, se mobilisent dans un processus de résistance, et peuvent donc être considérés comme des acteurs (Crozier et Friedberg, 1977). Je concluerai sur les avantages des human-animal studies, au confluent des sciences sociales et sciences naturelles, et sur l'opportunité qu'elles représentent pour faire évoluer les cadres théoriques avec lesquels nous travaillons, à la lumière de l'interdisciplinarité.
Mots clés : Bien-être animal|Abattoir|Sociologie du travail|Sociologie des interactions|Human-animal studies
A104204AM