Campements tsiganes (1880-1940) : des ancrages éphémères entre vulnérabilités et ressources
Adèle SUTRE, EHESS (ERC Lubartworld, EHESS CNRS), France
Cette communication se propose de réfléchir à la question de l’éphémère spatial considéré à la fois comme vulnérabilité et comme ressource. Elle s’appuiera sur l’exemple des campements de grands groupes familiaux romani qui se distinguent par une forte mobilité transnationale à travers le monde.
Le caractère éphémère de ces campements constitue une vulnérabilité dans la mesure où ils font l’objet de mécanismes de surveillance et de dispositifs de gestion de l’espace dans le cadre des « politiques tsiganes » qui se déploient aux échelles nationales et locales dès la fin du 19e siècle.
Mais ces familles ont su faire de l’éphémère une ressource. Tout d’abord, elles exploitent la curiosité que leurs campements suscitent et monnayent leur image. Ensuite, certaines se mettent en scène et interviennent dans la production de dispositifs éphémères tels que les « villages tsiganes » au sein d’expositions ethnographiques ou de lieux de divertissement.
Enfin, cette communication se propose de penser l’éphémère comme processus d’ancrage territorial durable. Pour cela, je m’appuierai sur le cas d’un quartier du Queens à New York qui abrite un campement tsigane provisoire qui se pérennise au cours des années 1930 pour former un véritable quartier dont la destruction ne signe pas pour autant la fin de la présence tsigane dans le voisinage.
Pour conclure, il s’agira, à travers cette contribution, de montrer comment l’exploration de la notion d’éphémère peut éclairer la présence de campements tsiganes dans les centres urbains de la première moitié du 20e siècle. Si leur précarité est assurément une vulnérabilité, elle peut aussi se faire ressource et, parfois, masquer la réalité d’un ancrage territorial durable
Mots clés : Campements|Sociétés romani/tsiganes|Migrations|Ancrage territorial|Mobilités
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