Le XXe siècle des géographEs françaises se caractérise par la présence croissante d’étudiantes et d’enseignantes scolaires à partir de la Première Guerre mondiale, et par l’émergence de « pionnières » qui signent leurs premiers articles dans les revues spécialisées au milieu des années 1910, leurs premières thèses de doctorat dans les années 1920. A partir des années 1940, ce processus de féminisation est marqué par l’apparition des premières enseignantes en universités et l’affirmation de véritables « patronnes », notamment Jacqueline Beaujeu-Garnier. Ces phénomènes, dont les périodiques, les publications scientifiques et les répertoires professionnels sont les miroirs plus ou moins fidèles, sont désormais bien connus, tandis que les principales figures féminines de la discipline, leurs carrières et leurs œuvres, sont de plus en plus étudiées et visibles, quoique de manière récente et encore insuffisante.
Mais pour renouveler les perspectives et retracer une histoire de la géographie française plus exacte et équilibrée, il faut sans doute mieux comprendre ce qu’ont signifié et impliqué ces évolutions, finalement assez semblables pour les autres sciences académiques et champs disciplinaires des autres pays et de la géographie internationale. En faisant face à l’épineuse (quoique classique) question de leur invisibilisation dans les sources et la mémoire de la discipline, il s’agirait donc par exemple de reconstituer plus précisément et intimement, comme pour certaines figures masculines du passé, ce qu’ont été les parcours de ces géographes, leurs liens avec leurs collègues (masculins et féminins) et leurs réseaux, les processus internes et externes nourrissant leur inclusion ou leur exclusion, dans des contextes locaux à caractériser, également leurs (r)apports à la discipline. Par ce genre d’études, difficiles mais nécessaires, au plus près des lieux et des acteurs, on parviendrait sans doute à mieux saisir les multiples façons d’être géographe au XXe siècle.
Mots clés : histoire de la géographie |géographie universitaire|femmes|France|méthodologie de l'histoire
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