Valentin ASSELAIN, AgroParisTech, France
Depuis une dizaine d’années, des cueilleuses et cueilleurs de plantes sauvages portent, via l’Association Française des professionnels de la Cueillette de plantes sauvages (AFC), un projet de professionnalisation de leur métier. En parallèle, d’autres processus de professionnalisation impliquant la cueillette, comme celui des paysans-herboristes, sont en cours. Ce processus d’analyse d’un « groupe professionnel » (N. Vézinat, 2016), sous l’angle de la sociologie des professions, nous amène à nous demander en quoi le suivi de la professionnalisation des cueilleurs peut nous permettre d’envisager les conditions de l’accession d’une activité invisibilisée au rang de profession reconnue, dans un contexte de bouleversements d’écosystèmes ruraux et de mise en place de politiques de transition écologique.
Néanmoins, les composantes identitaires des métiers de cueillettes confirment, lors de discussions avec ceux qui les pratiquent, l’importance des éléments passionnels relativement à la plante et aux milieux qui l’abritent. Or, on peut envisager qu’un processus de professionnalisation fasse advenir une plus grande normativité qui efface le poids de ces expériences vécues, ou une rationalisation des pratiques qui pourrait rentrer en opposition avec la grande liberté et l’autonomie des cueilleurs aujourd’hui (C. Julliand et al., 2019). Cette ambivalence d’un couple apparemment dichotomique, celui de la passion face à la raison, peut être relié avec les revendications portées par les personnes non-issues du milieu agricole, qui réinvestissent les métiers de la ruralité face à la diminution du nombre d’agriculteurs.
Enfin, l’enjeu de professionnalisation des cueilleurs porté par l’AFC est particulier. Il repose sur la durabilité de la ressource en plantes sauvages, dont tous les acteurs de la filière font état de la raréfaction. Il s’agit d’envisager la reconnaissance d’une profession par le prisme de l’éventuelle disparition de son objet de travail : la plante dite « sauvage »
Mots clés : cueillette commerciale|professionnalisation|plantes sauvages|agroécologie|espace rural
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