Noémie CALIXTE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, France
Les violences conjugales, souvent qualifiées de violences domestiques, sont assimilées aux espaces privés, en particulier au logement, et la plupart du temps réduites à leur dimension physique. Cette communication propose d’appréhender ces violences comme un rapport de pouvoir et de contrôle (Stark,2007), et mobilise les approches du mobility turn, pour étudier le quotidien des femmes vivant des violences dans les couples hétérosexuels à l’échelle de leurs réseaux spatiaux.
L’objectif de cette recherche est de comprendre comment les expériences de violence (souvent traumatiques) imprègnent l’ensemble des lieux fréquentés et le vécu des lieux (Pain,2020). Pour cela, seront décryptés les rapports émotionnels de ces femmes aux lieux fréquentées ainsi que les renégociations de la co-présence et de la mise à distance, notamment avec l’usage du numérique, avec les conjoints: deux leviers de la mise en place d’un isolement spatial et social (Bowstead,2011).
Mettre la violence au centre d’un questionnement de recherche impose des précautions méthodologiques conséquentes, notamment en termes de coûts émotionnels de la parole pour les enquêtées. Cette étude s’appuie sur un protocole assimilable à une observation non-participante, par l’analyse des transcriptions des échanges écrits entre femmes vivant ces violences et professionnelles de l’accompagnement.
Cette communication mettra en évidence la quasi-omniprésence des conjoints violents dans le réseau spatial de leur conjointe, et comment ils en jouent pour maintenir une proximité émotionnelle et un contrôle continu sur leur conjointes. En étant présents physiquement ainsi qu’à distance en usant des appareils numériques lorsque la co-présence est impossible, les conjoints violents prennent une place importante dans la négociation de la motilité (Kaufmann,2015) de leur conjointe. Cette recherche montrera comment la maîtrise de la distance et de ses modalités (physique, numérique, émotionnelle) devient alors un outil de contrôle.
Mots clés : genre|violences au sein du couple|mobilités|espaces numériques|hétérosexualité
A103781NC