Dans l’analyse des structures spatiales, rythmes lents et rythmes rapides peuvent être pensés en complémentarité plutôt qu’en opposition. En archéogéographie, l’analyse de l’interaction entre flux, tracé, modelé (Robert 2021) ou du tryptique voie, parcelle, bâti (Noizet et Clemençon 2020) montre que c’est l’asynchronie entre ces différents niveaux qui permet aux réseaux routiers, aux tissus urbains ou aux morphologies rurales de se transmettre dans le temps. Le niveau qui possède le rythme le plus rapide permet la réutilisation d’une partie des formes héritées grâce à leur réinterprétation par de nouveaux usages.
Cette asynchronie des différents niveaux de formes peut être rapprochée du modèle panarchique où la dynamique des systèmes socio-écologiques est expliquée à travers l’interaction entre trois niveaux : étendu et lent, intermédiaire et rapide, peu étendu et très rapide (Gunderson and Holling 2001). Ce modèle introduit des connexions entre les niveaux, à travers les flèches de mémoire ou de révolte. Ainsi, des événements intervenus au niveau des cycles très rapides peuvent avoir une influence sur les niveaux lents et conduire le système à se transformer profondément.
Nous proposons d’examiner plus particulièrement le rôle du cycle court et très rapide des usages, à partir de cas concrets puisés dans l’analyse des réseaux routiers, du tissu urbain et du bâti. Nous insisterons sur l’idée que, plutôt que la qualité architecturale des formes, ce sont leur capacité à pouvoir réinvestir des usages nouveaux et parfois éphémères à l’échelle de l’histoire des formes, qui leur permet de durer dans le temps.
Mots clés : résilience|archéogéographie|panarchie
A103700SR