Vincent BERDOULAY, UPPA, France
Paulo Da Costa GOMES, UFRJ, Brazil
Le rapport de l’image à la production du savoir correspond à un enjeu épistémologique majeur pour la géographie car se pose celui de la valeur accordée à la représentation. L’histoire de la géographie montre que des géographes ont cherché à tirer parti de la capacité de l’image de constituer un instrument de découverte et pas simplement un moyen d’illustrer par un exemple ce à quoi aboutit un raisonnement. L’image, en tant qu’outil, peut constituer un moyen de connaissance géographique comme le montrent l’usage de cartes, de schémas, voire la contemplation du spectacle de la nature (Gomes & Berdoulay, 2018). Or le cas de la photographie de terrain s’inscrit dans cette problématique.
En se penchant sur les photographies prises par Jean Gottmann lors de ses voyages au Brésil, la communication mettra en valeur la place qu’il leur accordait dans le processus de production du savoir géographique. Ce sont des vues des aires urbaines de Rio, Brasilia et São Paulo lors de ses voyages de 1957 et 1973-74. Ne visant pas du tout à faire de « belles photos », elles ont le plus souvent été prises depuis une voiture ou un avion. Instantanées sises au sein d’un mouvement, elles constituent un matériau premier dans le processus qui doit aboutir, pour Gottmann, à sa compréhension des aires métropolitaines qu’il visite. Véritables images pour penser, ces photographies permettent d’analyser ce qu’elles donnent à voir pour le chercheur : il s’agit de réfléchir, dans cette communication, sur le choix des éléments privilégiés dans le paysage auquel s’ajoute leur composition, c’est-à-dire leur agencement producteur de sens. L’idée d’iconographie chère à Gottmann pourra ainsi être revisitée à l’aune de ses choix photographiques dans le processus même de recherche sur le terrain.
Mots clés : épistémologie de la géographie|images|Gottmann|Brésil
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