Thibault CARCANO, Laboratoire Médiations - Sorbonne Université, France
Dans mon travail de thèse, je souhaite montrer qu’un renforcement de l’intérêt porté aux entités marginales permettrait d’accroître l’agrément des gares, cela au-delà de seules considérations sociales. A cette fin, j’ai noué une collaboration avec AREP ce qui, entre autres bienfaits, m’a donné accès à une profusion de documents relatifs à l’aménagement des lieux de transit.
Les informations qui y sont consignées sont d’une richesse épatante et pourtant ô combien incomplètes. En effet, si chaque élément mobilier est scrupuleusement retranscrit selon son emprise physique, il n’est fait état d’aucune autre de ses qualités sensorielles. Ce manque témoigne du besoin de dépoussiérer notre approche de l’analyse spatiale. D’autant plus que, contrairement à son pendant physique, l’emprise sonore d’un élément varie selon l’espace, le temps mais aussi selon la posture et les dispositions de chaque auditeur.
Dans mes recherches, le prisme de l’acoustique a par exemple révélé une définition originale de la marginalité. Pour la majorité des individus présents en gare, l’ambiance sonore a valeur informative et accompagne leur déplacement à la manière d’un fil d’Ariane. Pour d’autres cependant, qui évoluent à contretemps des flux dominants, le bruit perd de son utilité, voire devient une nuisance. Le son apparaît ainsi comme un puissant instrument d’orchestration pour les opérateurs de transports.
Prenant appui sur les retours de terrain issus de mes missions chez AREP (comptage, repérage, questionnaires, suivis, etc.), j’esquisserai d’abord les contours des marginalités dans (et autour de) plusieurs gares franciliennes. Ces données me permettront ensuite d’entreprendre une représentation cartographique du paysage acoustique des gares étudiées selon diverses temporalités. Enfin, je tenterai d’approcher les stratégies acoustiques qui en ressortent, qu’elles soient mises en œuvre : par les autorités publiques ; de manière coutumière et collective ; à dessein individuel.
Mots clés : marginalité|mobilité|contre-cartographie|aménagement
A103671TC