Louise BOLLACHE, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - CESSP, France
La présentation s’appuie sur une enquête ethnographique menée auprès des militants de trois luttes écologistes en banlieue parisienne : le collectif pour le Triangle de Gonesse, défendant des terres agricoles face à un complexe commercial, le collectif « Notre parc n’est pas à vendre », défendant un parc paysager face aux infrastructures des JO de Paris, et le collectif des Amis de la Corniche des Forts, défendant une forêt urbaine face à un projet d’aménagement régional. A partir des matériaux issus de l’enquête et des récits de vie menés avec les militants, je montrerai au fil d’une comparaison que le rapport des militants au lieu et le type de contre-projets qu’ils produisent sont à analyser au prisme des rapports de classe inter et intra-collectifs.
Le rapport au lieu des militants est façonné au fil du recours à différents répertoires d’action : manifestations, occupations, blocages. On distingue alors, selon les luttes, des rapports plus enchantés aux lieux défendus, marqués par l’idée de préservation du paysage, des rapports marqués par un sentiment de privation, et des rapports plus stratégiques, marqués par une certaine distance affective ; mais aussi des registres spécifiques d’appropriation de l’espace. Les militants travaillent à faire exister les lieux, en produisant des récits contrant ceux des aménageurs qui considèrent ces espaces comme disponibles. Au-delà des arguments écologiques, ils y attachent des représentations symboliques, mettant en valeur l’histoire agricole de la région, le patrimoine ouvrier ou encore des souvenirs de liberté associés à l’enfance.
A travers cette analyse, on mettra en évidence des éléments de structuration du champ des mobilisations écologistes en Ile-de-France, avec ses dominants et ses acteurs en marge. Ces résultats nous informent sur les rapports à l’écologie de différentes fractions de classe. Leur attachement spécifique au lieu défendu recoupe le degré de légitimité à habiter et coconstruire leur environnement.
Mots clés : Rapport au lieu|contre-projets|militants|écologie|occupation
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