La multiplication des technopoles dans le monde capitaliste depuis les années soixante s'explique par deux processus historiques concomitants : la poursuite du progrès technique comme principal source de gains de productivité d'une part, et, d'autre part, la marchandisation du savoir et la libéralisation de son marché. Cependant, un similaire engouement pour les "villes scientifiques" existait et existe toujours également dans le monde socialiste. À travers deux technopoles nord-coréennes – Py?ngs?ng et Hamh?ng – cette communication interroge la place de la science et de la technologie dans la culture et l'économie d'un pays socialiste.
Plusieurs aspect clés des technopoles – "synergies" entre recherche universitaire et industrie, préférence pour la recherche fondamentale dans l'attribution des fonds publics, intégration des technopoles aux axes commerciaux majeurs du pays – associés à un modèle de croissance néolibéral, se retrouvent également dans le cas nord-coréen. Plutôt que de mettre ces similarités sur le compte d'une simple émulation ou adaptation d'un modèle capitaliste, j'opte pour une analyse du discours nord-coréen sur les relations entre science, développement et idéologie. En me focalisant sur la tendance, historiquement récurrente, du gouvernement nord-coréen à aborder les questions économiques et sociales comme des problèmes d'ingénierie plutôt que des problèmes idéologiques, je montre par-là que le socialisme est, en Corée du Nord, moins un dogme qu'un outil technique parmi d'autres.
Mots clés : technopole|coree du nord|technocratie|developpement|socialisme
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