Marguerite VALCIN, TELEMMe (UMR 7303), Aix-Marseille Université / CNRS, France
Espaces provisoires par définition, les chantiers du bâtiment sont habituellement considérés comme des espaces en devenir : des moments creux dans l’histoire d’un emplacement, jusqu’à l’achèvement des travaux. Les chantiers en train de se faire sont pourtant bien le support de pratiques et de représentations pour les travailleurs·euses qui y œuvrent quotidiennement. Autrement dit, il est permis de les envisager comme des lieux à part entière, tout en tenant compte de leur caractère éphémère. C’est dans cette optique que s’inscrit cette communication.
Au caractère intrinsèquement provisoire des chantiers s’ajoute leur statut de lieu de travail temporaire pour les travailleurs·euses. Dans le secteur du bâtiment, la fréquentation d’un chantier correspond en effet à la durée d’une mission, et l’on en change à une fréquence plus ou moins élevée. À cet égard, l’éphémère caractérise donc doublement le travail dans le bâtiment, qui s’effectue de manière temporaire en des lieux éphémères. Il faut enfin évoquer deux évolutions du secteur du BTP, marqué par une tendance à la compression des délais de réalisation des travaux (Gadille, 2013) qui renforce la pression exercée au quotidien sur les chantiers ; et par un recours croissant à l’intérim, qui accentue la précarité des travailleurs (Jounin, 2006, Chauvin, 2010). Ces évolutions permettent de parler d’un travail éphémère, chronométré et incertain qui se joue au quotidien sur les chantiers du bâtiment.
À partir d’un travail d’observation ethnographique réalisé sur 4 chantiers du bâtiment en région Sud, et d’une vingtaine d’entretiens semi-directifs complémentaires menés auprès de professionnel·les rencontré·es sur ces chantiers, il s’agira d’étudier les effets de ce triple éphémère – parfois choisi, souvent subi par les travailleurs·euses – sur l’organisation ordinaire du travail. De quel habiter (Stock, 2015) peut-on parler sur les chantiers du bâtiment, lieux éphémères du travail temporaire ?
Mots clés : Habiter|Géographie du travail|Chantiers|Éphémère|Ethnographie
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