Manon MARGUERIT, LVMT - RATP, France
La ville est un espace fragmenté donnant à l’homosexualité un droit à la visibilité tout en imposant des contraintes hétéronormées quotidiennes (Doan, 2010). Elle produit d’autant plus d’exclusion lorsque s’imbriquent les caractéristiques de genre, d’orientation sexuelle, de race[1] et de classe sociale (Lieber, Lépinard, 2020). Les lesbiennes[2] subissent une double marginalisation liée à leur identité de genre et à leur orientation sexuelle et les transports, en tant que « captured places », sont des laboratoires d’observation de celle-ci (Chetcuti, Jean-Jacques, 2018 ; Lubitow, 2020). Nous tâcherons ici de saisir les différences d’appropriations ressentis par les lesbiennes dans les transports afin de montrer pourquoi elles doivent être prises en compte dans le cadre d’une action des opérateurs engagés dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Cette étude fait partie d’un travail de thèse en cours à la RATP et s’ancre dans l’expérimentation d’un plan de lutte contre les violences de genre mis en place depuis mars 2020. À partir d’une enquête auprès d’usager·es quotidien·nes du réseau RATP se définissant en couple lesbien[3] ou ayant déjà été en couple lesbien, il s’agit de comprendre les normes implicites qui régentent l’espace (Chetcuti, Jean-Jacques, 2018).
[1] Entendu ici comme un système de domination autonome et analogue au genre sans fondement biologique.
[2] « Lesbiennes » désigne des personnes se définissant en tant que tel, donc des réalités variées et mouvantes dans le cadre d’une définition de soi constamment rejouée ou renégociée.
[3] Un travail à l’échelle du couple permet de rendre compte d’une visibilité « objectivée » de l’orientation sexuelle.
Mots clés : Transports|hétéronormativité|lesbiennes|discriminations|visibilité
A103536MM