Géraud MAGRIN, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne / UMR Prodig, France
Olivier NINOT, Centre national de la recherche scientifique / UMR Prodig, France
Nous questionnons ici les temps du développement africain dans la mondialisation. Alors que l’Anthropocène va de pair avec la contingence généralisée (Cynorrhodon, 2020), le paradigme rassurant de transition masque mal l’incapacité à maîtriser la Grande accélération (Steffen, 2015). Or ces incertitudes sont décuplées en Afrique. Le continent a peu pesé dans la Grande accélération, et on peut se demander si celle-ci s’y produira tard ou pas du tout. Si le temps de l’Afrique (Severino, Ray, 2010) est annoncé, il n’est pas encore advenu. Les trajectoires des pays africains ont des temporalités singulières. Les grandes transitions (démographiques, urbaines, économiques et environnementales) y sont incertaines (Magrin, Ninot 2020) et la jeunesse – des populations et des constructions territoriales – est une donnée fondamentale. La diversité est aussi environnementale, sur un continent où la régularité des saisons équatoriales contraste avec les rythmes tropicaux et méditerranéens, et où le changement global se manifeste par sécheresses ou précipitations accrues.
L’articulation des temporalités et des formes spatiales ne suit donc pas de modèle simple. Les métropoles contrastent plus qu’ailleurs avec les territoires marginaux, mis en tension par leur arrimage à la globalisation. Dans l’entre deux, une multitude de synchronisations variables, quand coexistent sans s’articuler agricultures de firmes d’exportation et agricultures familiales de subsistance (Charlery, 2014). C’est le cas aussi des zones minières, où s’entrechoquent les logiques industrielles et artisanales, et les agricultures locales. C’est le cas encore des périphéries métropolitaines, où la logistique normalisée contraste avec la contingence de desserte des quartiers marginaux par des taxis clandestins.
Nous proposons ici une grille de lecture des temporalités des dynamiques spatiales africaines, en insistant sur les effets du changement global et ceux du numérique comme outil potentiel de convergence.
Mots clés : Afrique|Temporalités|Développement|Transitions|Synchronisation
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