Damien MARAGE, Université de Franche-Comté, France
Au XIXe siècle, la géobotanique d’Humboldt ouvre la géographie à l'étude de la répartition du vivant. Puis, tandis que George Perkins Marsh prédisait l’appauvrissement des ressources et les excès du climat, la géographie se « modernise », mais tombe dans le dualisme sujet-objet et le parti-pris déterministe ou possibiliste. Cependant, elle a su conserver, dans sa méta-discipline, un pied dans les sciences de la durabilité et l’autre dans les humanités. L’Anthropocène, caractérisée par son incertitude, met l’humanité contemporaine face à ses responsabilités.
Aujourd’hui et demain, peut-on encore « piloter » la nature ? Mieux connaître permet-il forcément de mieux aménager les territoires etgérer des espaces naturels ? Dans les faits, quelles connaissances et savoirs sont mobilisés ? Aux sources des humanités environnementales, une géographie de la relationalité peut advenir. Cette dernière oppose à l’ontologie sociale substantielle, l’ontologie sociale relationnelle proposée par Butler. Il s’agit d’abord de requalifier les relations entre non-humains et humains. Cette requalification permet de reformuler les enjeux politiques et éthiques du vivre ensemble : en élevant les non-humains comme sujet politique, on repense les rapports avec le monde dans lequel les humains vivent et agissent. La relationalité est cette combinaison entre la solidarité écologique et l’habitabilité de la Terre.
Mais comment produire et co-produire avec les non-humains dans des projets de territoire ? A l’aide d’exemples pris en aménagement et urbanisme ainsi que dans la gestion des aires protégées, nous présenterons une analyse des configurations spatiales de ces liens et leurs influences sur leur qualité, au travers des notions d’exposition et de précarité. Puis nous analyserons les liens et lieux à construire avec les non-humains, en mobilisant les concepts d’infrastructure et de co-existence. Enfin nous présenterons la gouvernance de ces liens, grâce aux notions d’assemblée et d’assemblage.
Mots clés : relationalité|nature|anthropocène|géographie environnementale|habitabilité
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