Benjamin JOINAU, Université Hongik, Korea (Republic of)
Marion CASALA, CRC (EHESS), France
Le cinéma entretient depuis ses débuts une relation privilégiée avec la ville. Que ce soit par la localisation des premiers studios ou le nombre de films se déroulant en milieu urbain, la ville peut y être autant un décor qu’un personnage. Comme l’expliquent Tixier et Angiboust (2016), le cinéma « nous aide à penser et à voir la ville » et construit un portrait du citoyen urbain, aussi bien réel qu’idéal. La Corée du Nord a également vu son industrie cinématographique se développer en ville et a proposé de nombreux longs-métrages mettant en scène significativement le paysage urbain. À travers ces films produits par un système étatique et centralisé, c’est tout un imaginaire urbain tel que le régime totalitaire le conçoit qui se dessine. Ce cinéma nous montre autant la manière dont la ville est représentée et les lieux choisis pour « désigner » l’urbanité, que la manière dont ces espaces sont ou devraient être pratiqués. Dotés d’une agentivité spécifique, ces mêmes films participent en effet à la construction d’un discours sur la ville et de ce qu’« être urbain » signifie. Ainsi, les films du genre dit de « réalité socialiste » ont pour but de dépeindre une société idéale à travers la mise en avant de problèmes socio-économiques dont la résolution est le moteur principal du scénario. Cette présentation se propose d’étudier de manière diachronique à travers un corpus d’une quinzaine de films les différents rôles attribués à la ville : la manière dont elle permet une représentation des problèmes socio-économiques du moment, mais aussi comment l’urbanisation a été mise en scène et ce qu’elle dit de l’évolution des modes de vie de cette société socialiste.
Mots clés : cinéma|ville|Corée du Nord|représentations|socialiste
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