Julien GUERRERO, Univ. Littoral Côte d’Opale, ULR 4477 - TVES - Territoires Villes Environnement & Société, France
Quatre stratégies de gestion des risques littoraux d'érosion et de submersion sont habituellement évoquées : le laisser-faire, les ouvrages lourds, les techniques souples et le recul des enjeux.
Dans les territoires où les hommes se sont installés au plus près de la mer ou sont vite rattrapés par les risques, les critères de valeur et d’urgence tendent à exclure le laisser-faire tandis que la place manque pour développer des techniques souples viables. Aussi, seuls les ouvrages lourds ou le recul des enjeux y sont généralement envisagés, en une alternative simple : rester ou partir ?
Au plus près de la mer peuvent aussi se trouver des espaces naturels et, à proximité immédiate, des espaces habités que les aléas atteindraient alors à moyen ou long terme. En matière de gestion des risques, cette fois les quatre stratégies – davantage même – se déclinent au droit de ces configurations, et à cette complexité pratique s’en ajoutent deux autres, sociologique et écologique.
D’une part, bien que les riverains ne possèdent pas l’espace naturel de première ligne comme ils possèdent souvent leur logement, leur attachement à cet espace les amène à se soucier vivement de son devenir, presque autant que du devenir de ce qu’ils ont en propre.
D’autre part, lorsque l’espace naturel fait l’objet d’une protection forte (réglementaire ou foncière) au titre de sa valeur écologique, la puissance publique demeure imprécise ou hésitante quant à l’attitude à adopter face à une dégradation, non par l’homme mais par la mer, d’un tel espace remarquable.
Si ces cas de figure ne suggèrent donc pas de menace directe ou pressante sur les personnes ou leurs biens, ils portent un large éventail d’intérêts antagonistes, ce qui induit pour la gestion une complexité et une difficulté accrues – longtemps sous-estimées. Cette situation nourrit des tensions et/ou des formes d’inertie, lesquelles contribuent à leur tour à la vulnérabilité systémique des territoires.
Mots clés : Espaces naturels|Espaces protégés|Risques côtiers|Perception|Tensions locales
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