En quête de la Terre promise : le facteur religieux au cœur des migrations
L’étude de l’appartenance religieuse des migrants pâtit, en France, de deux éléments de contexte particuliers : d’une part, le fait religieux demeure à la marge du champ de la géographie (Claval, 1992) et d’autre part, l’appartenance religieuse des migrants est principalement étudiée sous l’angle géopolitique, dans le cas où elle diffère de la religion historiquement majoritaire du pays d’accueil. L’attention se porte, dans les pays de tradition chrétienne, sur l’arrivée de personnes de confession musulmane (Vieillard-Baron, 2004) ou sur le développement des religions et philosophies d’Asie (Goreau-Ponceaud, 2008 ; Campergue, 2013). Seuls quelques travaux (Dejean, 2010) s’intéressent de manière approfondie à des migrants chrétiens, mais il s’agit de confessions dérivées du protestantisme (pentecôtisme, évangélisme), très peu représentées en France et assez éloignées du catholicisme en termes de théologie et de pratiques.
En France, les migrants catholiques arrivent dans une communauté catholique largement invisible. Ils doivent, dans leur pratique de l’espace public, s’ajuster aux exigences de la sécularisation et rendre invisible ce qui fait pour eux partie d’une iconographie qui les définit culturellement. Les pratiques rituelles traditionnelles des migrants catholiques sont inculturées : inhabituelles aux yeux des catholiques locaux, elles attirent l’attention, suscitent l’étonnement voire une forme de mise à l’index. Il en va de même si elles sont mises en œuvre dans l’espace public de la société sécularisée. Il y a ainsi une « surexposition » bien involontaire de ces migrants catholiques, qui les renvoie à leur caractère étranger. A l’inverse, si en se fondant dans la population locale, ils abandonnent leurs pratiques rituelles traditionnelles, ils deviennent invisibles au sein de la communauté catholique, elle-même invisible au sein de la société. L’enjeu de cette communication sera d’analyser les régimes de visibilité des migrants catholiques en France.
Mots clés : Fait religieux|Migrations|Visibilité|Iconographie|Catholicisme
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