Parmi les photographies réunies par Jean Gottmann au cours de sa vie, quelques-unes — au moins une trentaine — ont été prises lors d’un séjour hivernal à Québec en décembre 1956. Gottmann y avait été reçu au département de géographie de l’Université Laval par le professeur Pierre Camu. Ces photographies ne sont pas de simples souvenirs de voyage. Sauf pour deux d’entre elles, qui montrent Gottmann et son hôte, ces photographies, par leurs sujets et leurs compositions, attestent d’une évidente pensée géographique en action. En effet, Gottmann y dévoile sans apprêt une ville, quelques-uns de ses monuments emblématiques, plusieurs de ses quartiers et son site. Souvent, les vues retenues couvrent différentes échelles géographiques, de sorte que l’étendue spatiale se révèle en même temps que les éléments naturels ou humains qu’elle contient. De plus, l’urbain y est saisi à diverses étapes de l’urbanisation. Ainsi, les images, malgré leur fixité temporelle, expriment une histoire de la ville à travers la série qu’elles constituent. Bref, il y a là, croyons-nous, matière à visiter la pensée gottmannienne, voire à l’explorer en quelques aspects moins connus. Car il est fort possible qu’en l’occurrence l’image photographique déborde les nets contours des idées rationnelles pour donner prise à un non-dit qui n’en serait pas moins propre à l’œuvre du célèbre géographe. Sans prétendre au fin mot de cette histoire, nous proposons pour notre part une analyse en miroir, puisque nous adosserons l’étude du contenu proprement iconographique du corpus en question (en considérant au premier chef les images selon leurs sujets et leurs compositions) au concept d’iconographie élaboré par Jean Gottmann. Une telle mise en tension de ce Québec en images autour d’un même pôle lexical — soit l’iconographie — devrait permettre, espérons-nous, d’en apprendre un peu plus autant sur la géographie de Gottmann que sur celle de la ville de Québec.
Mots clés : Jean Gottmann|Iconographie|Image|géographie|Québec
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