Celine PIERDET, Université de Technologie de Compiègne , France
De 1998 à 2019, le taux de croissance moyen du PIB du Cambodge est estimé à 7,7 % / an. Pourtant, le Cambodge reste l’un des pays les plus pauvres d’Asie, avec un PIB de 1 643 US$ / hbt en 2019. Surtout, ces données traduisent mal l’écart toujours plus important entre les conditions de vie des populations rurales rizicoles et celles de la classe moyenne aisée de la métropole Phnom Penh. Depuis les années 1990, la croissance du Cambodge est soutenue par les programmes bilatéraux et multilatéraux des bailleurs de fonds internationaux.
Pourtant, les campagnes et les petites villes restent largement à l’écart de ce développement accéléré qui s’est emparé de la capitale depuis 2005 et se traduit par une construction frénétique de programmes immobiliers aux standards internationaux qui tirent la croissance économique du pays. Or cette croissance, qui s’inscrit dans des temporalités de court terme, repose largement sur un pillage des ressources - forêts, minerais, sable. Le Cambodge ne parvient pas à exploiter ses ressources de façon durable. Tandis que les injonctions à la croissance économique se multiplient de la part des bailleurs de fonds, les crises environnementales s’intensifient. Les opérations de dragages effectuées de longue date dans le Mékong sont désormais associées à la réalisation de polders insulaires destinés à l’édification de projets immobiliers spéculatifs. Les déséquilibres sédimentaires marqués par une forte érosion des berges du Mékong s’aggravent en aval de Phnom Penh.
Comment des temporalités de développement différenciées dues à la diversification des acteurs en présence ont-elles creusé les inégalités sociales et spatiales au Cambodge ? En quoi des préoccupations de court terme mettent-elles en péril la soutenabilité du développement, du fait d’enjeux sociaux et environnementaux inscrits dans des temporalités différentes ?
Mots clés : temporalités|développement|environnement|crise|Cambodge
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