De la nature à la Terre : pour une géo-graphie de l’Anthropocène
Josselin GUYOT-TÉPHANY, Université de Nantes, LETG, France
L’irruption du concept d’Anthropocène a bousculé les recherches sur les changements globaux. L’hypothèse de l’entrée dans une nouvelle époque marquée par l’empreinte généralisée et irréversible des humains sur Terre a mis à l’épreuve le dualisme Nature - Culture et, par extension, les fondements épistémologiques des sciences modernes (Descola 2018). La géographie, dont l’ambition originelle était d’étudier les relations entre les sociétés et leur milieu, a éprouvé des difficultés à se saisir des débats sur l’Anthropocène, du moins en France. Non seulement son recentrage sur l’espace l’a détournée de cette nouvelle condition terrestre, mais en plus elle est tiraillée, à propos de la biodiversité, entre une géographie naturaliste tournée vers les sciences du système Terre et une géographie du naturalisme proche des humanités environnementales. Si un nombre croissant de géographes tente de combler ce retard et de surmonter ces problèmes (Chartier et Rodary 2016), leurs travaux sont encore hétérogènes, dispersés et n’ont pas (encore) débouché sur la constitution d’une géographie de l’Anthropocène.
Cette communication propose, à travers le prise de la nature, quelques pistes de réflexions pour construire une géographie de notre temps. Il s’agira tout d’abord de souligner la charge géographique de la notion d’Anthropocène et de s’intéresser aux lectures géographiques de l’érosion de la biodiversité. Je plaiderai ensuite pour une géo-graphie de l’Anthropocène entendue comme l’étude des empreintes humaines sur Terre et des différentes formes de représentations dont elles font l’objet. La richesse des savoirs, des approches et outils géographiques est un atout pour réussir à articuler processus et humains et non-humains, ainsi que les différentes échelle d’analyse (Guyot-Téphany 2020). Enfin, j’appliquerai cette grille d’analyse à un territoire emblématique du naturalisme situé aux avants-postes de l’Anthropocène : l’Archipel des Galápagos (Guyot-Téphany 2019).
Mots clés : Géographie|Nature|Anthropocène|Epistémologie|Galapagos
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