Jérôme LOMBARD, Institut de Recherche pour le Développement, France
Avec l’importance prise par les transports motorisés en Afrique, le véhicule s’est transformé en un espace-temps en mouvement qui, loin d’incarner la rupture avec la vie sédentaire, en devient partie intégrante. La durée du voyage est un temps consacré au maintien de l’espace social, familial et professionnel. L’utilisation des technologies de communication, accessibles à l’ensemble des populations, même dans les zones rurales enclavées, facilite l’appropriation personnalisée de ce temps et de cet espace. Elles permettent de multiplier les interactions et les échanges durant le mouvement du véhicule, même en l’absence de proximité physique entre les personnes. Cette communication parle en premier lieu du véhicule comme appartenant à un ensemble spatial qui fait territoire pour les populations africaines, que ce soit des commerçants, des pèlerins, des émigrants ou immigrants, de simples voyageurs. Elle discute par la suite de la manière dont l’espace-temps que représente le déplacement d’un véhicule est concrètement occupé par les individus ou encore les collectifs qui se déplacent sur les routes africaines. Enfin, la présentation proposée souligne les limites auxquelles le développement de cet espace-temps se heurte, alors qu’il est, a priori, sans contraintes. Le renforcement des contrôles des véhicules sur les routes africaines, en particulier par les États, remet en cause la liberté des individus de se situer, à des degrés divers, en marge de l’espace politique et institutionnel. La communication mobilise des données qualitatives issues de plus de vingt ans d’enquêtes sur les routes et dans les gares des pays d’Afrique de l’Ouest.
Mots clés : Temps de transport|Véhicule motorisé|TIC|Contrôle des flux|Afrique de l'Ouest
A103111JL