Dès la mi-mars 2020, Bogotá a été l'une des premières villes au monde à mettre en place un réseau de pistes cyclables temporaires, pour faire face à la pandémie. Ces pistes temporaires sont venues compléter les plus de 500 kilomètres de voies cyclables permanentes. Certains tronçons ont été supprimés rapidement, d’autres ont été déplacés pour mieux connecter les différentes parties du réseau. De mai à août 2020, 84 kilomètres de pistes temporaires ont été maintenus. À partir du mois d’août 2020, une partie des itinéraires cyclables provisoires a été supprimée par la municipalité et une autre partie a commencé à disparaître progressivement, en raison des vols de plots de chantier. Le constat du démantèlement graduel des aménagements cyclables a provoqué un sentiment d’abandon parmi les cyclistes, puis une réaction citoyenne réclamant le retour des axes supprimés. Cet événement s’est étalé sur une partie de l’année 2021, et témoigne de la difficulté du dialogue entre institutions et citoyens. Nous proposons de revenir sur cette chronologie pour comprendre les dynamiques à l’œuvre dans une ville où la place du vélo est croissante depuis une décennie. Les pistes cyclables temporaires ont rencontré un franc succès auprès des cyclistes, car elles permettaient une meilleure accessibilité de la ville en particulier pour les trajets de longue distance. Nous aborderons quelques exemples de réinstallation de pistes temporaires par des militants et citoyens, qui témoignent de la réappropriation de cet « urbanisme tactique », en revenant à sa définition d’origine. Cette proposition s’appuie sur les données récoltées au cours d’un travail de terrain d’un an réalisé pendant l’année 2021 à Bogotá. Le dispositif méthodologique mis en place regroupe des données qualitatives (observation ethnographique, entretiens, parcours commentés) et des données quantitatives (enquêtes en ligne, micro-enquêtes dans la rue, analyse de l’enquête mobilité 2019 de la municipalité).
Mots clés : Vélo|Bogotá|Mobilité quotidienne|Covid-19
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