Nicolas SZENDE, ENS de Lyon, France
A l’heure où certaines personnalités conservatrices des champs politique et universitaire français dénoncent une certaine « américanisation » de l’université, il semble important de rappeler l’utilité de travaux d’histoire des idées et d’épistémologie dans l’idée de clarifier – et même éventuellement d’apaiser – ces débats souvent nourris d’une certaine ignorance au sujet de la circulation internationale des textes, concepts, et idées qui forment aujourd’hui la fabrique des sciences sociales.
C’est dans cet effort que cette communication prend l’exemple de la réception, dans les franges critiques de la géographie anglophone, de la French Theory comme corpus, comme heuristique, mais avant tout comme manière d’écrire la géographie, d’écrire sur la géographie, et de se situer dans l’espace des géographes. Les analyses discursive et scientométrique de la production des savoirs géographiques anglophones entre 1989 et 2007, complétées d’une série d’entretiens prosopographiques menés auprès d’acteurs de ce moment épistémique, nous permettent ainsi d’interroger simultanément les textes et les dynamiques intertextuelles qui font le champ géographique.
En détaillant le cas de la Critical Geography, sous-champ de la géographie anglophone caractérisé par son engagement politique à gauche, mais également par la recherche permanente d’altérité conceptuelle et théorique – en particulier dans un contexte diachronique de remise en question de « grands récits », et du caractère institué de représentations du monde et des sociétés environnantes – nous porterons un propos plus large sur la production comtemporaine des connaissances dans le monde de la géographie académique, et la place qu'y tient la géographie critique.
Mots clés : French Theory|Géographie Critique|Histoire des idées|Sociologie des sciences|Scientométrie
A102958NS