Alexis GONIN, Université Paris Nanterre/ UMR LAVUE (7218), France
Patrice MANIGLIER, Université Paris Nanterre/ UMR HAR (4414), France
Raphaël PAUT, Inrae/ UMR Agronomie (211), France
Cette communication part d’une critique des deux principales acceptions du concept de territoire qui servent de cadre pour penser et mettre en œuvre les transitions. D’une part des transitions pilotées par les politiques publiques, comme la PAC : les territoires sont alors les espaces de souveraineté (Agnew, 2013) sur lesquels sont déclinées ces politiques englobantes. D’autre part, des transitions mises en œuvre par des collectifs citoyens, de manière participative. Les territoire se définissent alors (Pecqueur, 2009) comme des réseaux locaux d’acteurs unis par un projet commun (Amap, PAT, épicerie solidaire, etc. (Rouillé D’Orfeuil, 2018)). On défend l’hypothèse que si les stratégies de transition agricoles se heurtent aujourd’hui à d’importantes difficultés, c’est notamment parce qu’elles sont fondées sur un concept de territoire qui ne permet pas d’appréhender la complexité des interdépendances entre acteurs très hétérogènes (not. humains et non-humains).
On propose de revisiter le concept de territoire dans le but de concevoir autrement les stratégies de transition (Maniglier, 2021). A partir d’une confrontation au terrain de la proposition de Bruno Latour, selon laquelle les territoires seraient l’ensemble de ce dont on dépend pour subsister, ce à quoi l’on est attaché, et ce que l’on est prêt à défendre ((2015), p. 338), on explorera deux hypothèses i) les territoires ne sont pas une échelle, mais des processus, des réseaux d’actants interdépendants, parties prenantes du système-Terre, Gaïa ; ii) leurs limites ne sont pas définies a priori, mais sans cesse renégociées. Cette approche ouvre la voie à des transitions territoriales non pas incrémentales, mais « de proche en proche ».
La communication présente les premiers résultats d’une recherche interdisciplinaire. Les données proviendront d’une enquête de terrain sur les chaînes d’interdépendance de l’azote et les pratiques de fertilisation des agriculteurs.
Mots clés : Stratégie|Territoire|Transition|Agriculture
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