Quelques travaux ont montré la difficulté pour les femmes à entrer en géographie, à se faire une place dans les institutions et à être reconnues (Ginsburger, 2015). D’autres ont relu les évolutions de la géographie à l’aune du masculinisme structurant la géographie française, comme Anne Volvey (2016) qui démontre le régime scopique dominant dans les pratiques et productions géographiques. En revanche, encore trop de recherches historiques et épistémologiques, en France, se sont saisies des effets théoriques, méthodologiques et pratiques du fait d’être femme et géographe (Séchet, 2012). C’est moins le cas dans la sphère anglophone où les lectures matérialistes des conditions de travail des femmes en géographie ont permis d’ouvrir ce champ de recherche depuis quelques années. Les récents travaux de géographes féministes, parmi lesquels ceux de Marianne Blidon (2018) ou Camille Schmoll (2020), commencent à envisager ce que la géographie fait aux femmes et réciproquement. Nous nous proposons ici d’ouvrir la voie à une recherche nouvelle, dans le contexte français, portant sur la façon dont les femmes géographEs ont intégré les pratiques et normes disciplinaires virilistes, s’en sont détournées ou les ont subverties. D’un point de vue proprement épistémologiquement, nous interrogerons donc les dynamiques qui poussent des femmes géographes à embrasser et/ou à mettre à distance des pratiques disciplinaires fondées sur des bases masculinistes. Nous faisons l’hypothèse que c’est précisément dans une négociation sans cesse rejouée que se fonde des trajectoires de femmes géographes, prises dans une dialectique de reproduction et de distinction vis-à-vis de ces mêmes normes. Cette communication s’entend comme la présentation d’une recherche exploratoire, fondée sur la réalisation d’entretiens réalisés auprès de géographEs françaises de différentes générations, en se focalisant sur des enseignantes-chercheuses et chercheuses en géographie humaine.
Mots clés : femmes|géographes|épistémologie|pratiques|normes
A102729LP