Le modèle néocolonial de développement qui a inscrit les existences dans un certain continuum passé-présent-futur a failli dans les années 1980-1990 et n’offre plus aujourd’hui aux populations rurales d’Afrique intertropicale – et aux jeunes en particulier – les codes de lecture suffisants pour comprendre le devenir de leur existence. Les sociétés africaines ont été plongées dans une crise globale, une crise d’indifférenciation ou plus exactement, par référence au temps, une crise d’indétermination qui les a conduites à de graves dysfonctionnements et aux désordres de la fin du siècle. La crise et l’ajustement structurel ont accéléré l’histoire en libérant des processus, jusqu’alors neutralisés, de disjonction entre communautés et individus, même s’il faut au-delà de cette dichotomie. L’accélération de la fréquence des grands événements naturels et l’amplification de leur intensité comme leur variabilité incertaine peuvent servir de métaphore au changement global. La question est de savoir comment un groupe d’acteurs, paysans d’Afrique intertropicale, peut produire, dans le cours d’un temps fragmenté, de plus en plus individualisé et apparemment non maîtrisé, des formes historiques inédites. Plusieurs temps coexistent, plusieurs expériences du temps coexistent entre les individus et au sein même d’un individu,, entre les générations et au sein d’une même génération. Ils s’opposent dans des équilibres ou des déséquilibres, mais sont-ils porteurs de sens. Ce qui est interrogé ici est le sens de l’histoire qui renvoie au projet normatif de la modernité, celui du développement forgeant l’évolution socioéconomique, synchronisant perspectives des acteurs et perspective du système, intégrant dans une logique de progrès passé-présent et futurs individuels et collectifs
Mots clés : afrique intertropicale|paysannerie|développement|temporalités
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