Cette communication portera sur la manière dont un patrimoine “clandestin” - à l’écart des institutions - se constitue. Il s’agira de se demander comment des groupes sociaux peuvent spontanément revendiquer un patrimoine et quelles sont les conséquences de la mobilisation de cet argument pour créer un territoire approprié en prenant le cas des catacombes illégales de Paris. Les souterrains parisiens se divisent en deux parties: le musée - une infime partie des galeries - et le reste qui se situe en régime d’illégalité. Leur accès est strictement interdit et les visites clandestines sont sanctionnées. Cependant, une population de “cataphiles” les fréquente quotidiennement pour réaliser des activités variées : de l’organisation de soirées, à la balade en passant par la réalisation de graffitis sur les murs des souterrains (Glowczewski et al. 1983; Peirazeau 2015). Les accès et les cartes sont de précieuses informations qui ne sont pas partagées (Dauphin 2019). Cet espace est approprié matériellement et symboliquement par cette population clandestine de diverses manières, parfois contradictoires et qui peuvent générer des tensions quant à ses usages. En effet, les valeurs patrimoniales (Heinich 2009) et d’usage diffèrent selon l’importance qui est accordée aux traces du passé ou à celle de la liberté dans une brèche de légalité. Deux groupes distincts s’opposent dans les sous-sols parisiens concernant la préservation des traces historiques et patrimoniales et le droit de pouvoir exercer le graffiti sur les parois des souterrains. Mon travail de mémoire s’est penché sur les règles que les graffeurs doivent respecter afin d'entretenir une entente avec les partisans de la préservation du lieu. Je suis venue interroger la constitution d’un patrimoine autogéré ainsi que les conséquences sur les usages des lieux que cela produit en prenant en compte les tensions, disputes et autres émotions qui entrent en jeu dans ce processus (Fabre et Arnaud 2013).
Mots clés : Illégalité|Mémoire|conflits|émotions patrimoniales
A102340MF