Tandis que la pandémie de coronavirus perdure, la crise semble nouvelle et d’une ampleur jamais égalée. Sa gestion – caractérisée par l’arrêt brutal des activités de production et d’acheminement, la fermeture des frontières nationales, l’interruption du trafic aérien et le confinement de milliards de personnes – est effectivement une première dans l’histoire de l’humanité. Les questionnements eschatologiques qui surgissent actuellement reviennent de façon cyclique. De nos jours, aux catastrophes climatiques et environnementales, se surimpose une angoisse sanitaire ; les discours sur la nécessité de revenir à des modes de consommation et de production plus traditionnels se multiplient, des politiques comme des chercheurs en appelant à un retour au local. Là encore, ces propositions évoquent les réflexions passées.
De fait, la crise sanitaire interroge la capacité des systèmes de production, notamment agricoles et industriels, à faire face à des catastrophes. Les mesures de protection mises en place à l’échelon étatique incitent à un retour au local. Dans une perspective résiliente, nous développerons l’exemple du jardin collectif, mis en place par les étudiants de la résidence universitaire d’Outumaoro. Ce jardin apparaît comme une réponse à l’augmentation des prix constatée depuis le début de la crise sanitaire. Après quelques mois, les étudiants, isolés et éloignés de leurs familles, constatent en outre que le travail de la terre crée du lien social dans la résidence. Il améliore leur cadre de vie et leur offre une occupation vécue comme apaisante, que certains relient à leur identité polynésienne, en invoquant la pratique du fa’a’apu.
Mots clés : Tahiti|crises|localisme|jardin collectif|agglomération
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