Dans les curricula des formations géographiques, les cours d’histoire et d’épistémologie sont des incontournables, des reflets à la fois de la discipline, de notre manière de la représenter et de l’enseigner aux étudiant.es. J’ai eu l’occasion de donner ce cours, en Master MEEF et à des Licence 3, quasiment chaque année depuis que j’enseigne, à l’exception de ces deux dernières années. Il s’agit donc pour moi d’un cours qui accompagne mon début de carrière, l’influence, et reflète ma recherche (j’ai réalisé ma thèse en histoire de la géographie) comme mon enseignement. Or, il a connu d’importantes transformations, car mes manières d’enseigner les temporalités de la géographie ont été largement modelées : par mes lectures, les échanges avec mes collègues, mais grâce aux étudiant.es, je n’envisage plus du tout cet enseignement de la même façon. Il symbolise ainsi mon acculturation aux géographies critiques, voire radicales, ainsi qu’aux épistémologies féministes, me faisant renoncer progressivement à une organisation linéaire chronologique, quasi téléologique, pour une approche thématique, matérialiste et essayant d’appréhender la diversité des pratiques géographiques. Ce faisant, j’ai opéré une bascule philosophique de Thomas Kuhn (montrer les boîtes noires de la géographie) à Ludwig Fleck (identifier des collectifs de pensée) et Pierre Bourdieu (travailler les habitus disciplinaires), en pensant par les savoirs situés inspirés des épistémologies féministes. A partir de mes matériaux de cours, cette présentation cherchera ainsi à :
1° montrer comment j’ai construit originellement mes cours d’histoire de la géographie, selon une lecture linéaire des temporalités disciplinaires ;
2° identifier quels facteurs m’ont amenée à remettre en cause cette lecture ;
3° présenter enfin l’ébauche d’une nouvelle façon de faire, dans une dimension prospective et partiellement utopique.
Keywords: géographie|enseignement|histoire de la discipline|réflexivité
A104689LP